En ce week-end de l'Ascension, la préfète de la Savoie voulait filmer des militants anti Lyon-Turin avec des drones et des hélicoptères. Mais la justice a dit non.
Le 31 mai 2025, la juge des référés du tribunal administratif de Grenoble a suspendu l’exécution d’un arrêté pris trois jours plus tôt par la préfète de la Savoie. Ce texte autorisait la captation, l'enregistrement et la transmission d'images au moyen de caméras installées sur des drones ou des hélicoptères, dans le cadre du passage en Maurienne de la randonnée cycliste militante « Les Déraillantes », opposée au projet ferroviaire Lyon-Turin.
Le projet Lyon-Turin est une nouvelle ligne ferroviaire transfrontalière de 270 km, destinée à relier la région Auvergne-Rhône-Alpes au Piémont italien. Son axe central est un tunnel de base de 57,5 km entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse, creusé sous les Alpes. Porté par la société franco-italienne TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin), le chantier a débuté en 2013. Son coût total est aujourd’hui estimé à 26 milliards d’euros, financé par la France, l’Italie et l’Union européenne. Présenté comme un projet de report modal du fret routier vers le rail, il suscite depuis des années de vives oppositions pour des raisons écologiques, économiques et démocratiques. La mise en service n’est pas attendue avant 2032.
Le convoi « Les Déraillantes » était parti le 24 mai de Lyon, en direction de Modane et suivant le tracé du projet, pour sensibiliser les habitants à l’expropriation, à l’artificialisation des sols, au bilan carbone du chantier et aux risques pour la ressource en eau.
L’arrêté préfectoral, daté du 28 mai 2025 (veille de jour férié), couvrait une période de quatre jours (du 29 mai à 12h au 1er juin à 17h) et un périmètre géographique incluant plusieurs chantiers TELT, leurs abords, des sites industriels, des routes départementales et les bivouacs prévus par le convoi. La préfecture justifiait ce dispositif par les « enjeux du TELT », le « risque d’une action plus déterminée, voire violente, d’opposants radicaux, » et la « configuration particulière des lieux dans un secteur montagneux ».
“Atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée”
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